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A dix jours de la Semaine de haut niveau, qui réunira à partir du 23 septembre les dirigeants des 193 pays membres, les Etats-Unis ont lancé un pavé dans la mare : ils se sont déclarés, jeudi 12 septembre, favorables à ce que l’Afrique détienne deux sièges permanents en cas d’élargissement du Conseil de sécurité, mais sans toutefois leur accorder le droit de veto. En devenant le premier des cinq membres permanents (P5) à accéder publiquement à la demande africaine, en dehors des négociations menées à l’Organisation des Nations unies (ONU), ils espèrent susciter des réactions et consolider l’héritage de Joe Biden aux Nations unies.
« Il est temps que les dirigeants africains aient une place permanente au Conseil de sécurité », a expliqué l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d’une conférence organisée par le centre de réflexion Council on Foreign Relations, après avoir réclamé un « ajustement du conseil au XXIe siècle ».
Les pays africains disposent actuellement de trois sièges sur les dix non permanents au conseil, attribués sur une base tournante pour des mandats de deux ans. « Le problème est que ces sièges élus ne permettent pas aux pays africains d’apporter le bénéfice de leur connaissance et de leur voix au travail du conseil », a avancé Mme Thomas-Greenfield. En 2023, plus d’un tiers des réunions du conseil concernaient l’Afrique, et plus de la moitié de toutes ses décisions concernaient des questions de sécurité africaine.
Le président américain avait déjà créé la surprise en annonçant être favorable à un « élargissement du Conseil de sécurité » en septembre 2022, alors que le sujet a été tabou des décennies durant pour le P5. Cette nouvelle annonce est moins surprenante, car elle correspond à la demande du groupe africain, mais la caution d’un des trois poids lourds du conseil pourrait modifier les dynamiques d’influence, alors que Moscou et Pékin sont les plus récalcitrants à une réforme. Washington a d’ailleurs annoncé travailler à un texte de résolution amendant la charte onusienne, qui pourrait être présentée au vote à l’Assemblée générale – sans préciser d’échéance.
Cette démarche intervient alors que Washington veut améliorer ses relations avec l’Afrique, où de nombreux pays sont mécontents du soutien américain à l’offensive d’Israël à Gaza, et où l’influence de la Chine va grandissant.
« Cette annonce est supposée s’attirer les grâces des pays africains, mais l’effet n’est pas garanti, puisque eux-mêmes ne se sont pas encore prononcés sur qui pourrait siéger », note cependant Richard Gowan, directeur du groupe de réflexion International Crisis Group. Les candidats les plus sérieux seraient le Nigeria et l’Afrique du Sud, mais l’Algérie, l’Egypte, l’Ethiopie ou encore le Kenya pourraient prétendre à des sièges permanents nouvellement créés.
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